Marathon de Berlin - 29 septembre 2019
BERLIN. Comme une évidence. Depuis longtemps j’avais RDV avec cette ville, avec ce marathon. Il fallait que j’y aille un jour, je le savais, mais sans trop savoir quand…
BERLIN. 29 septembre 2019. Une date devenue fétiche. Un an jour pour jour après ma victoire à Millau ! Si ce n’est pas un signe ça…
BERLIN. Là où, en 2000, Renaud était passé pour la 1ère fois sous les 3h au marathon. Un signe encore…
BERLIN. Mon 10ème marathon. Statistiquement, celui où l’on réalise son meilleur chrono…
Pour une superstitieuse comme moi, ça faisait trop de bonnes raisons pour ne pas y aller !
Tout a réellement débuté en avril dernier, au retour de Rotterdam, avec toute l’amertume de mon résultat. 3h00’37 dans la douleur, sous une chaleur imprévue, 37 secondes ou 140m de trop, après un entraînement de folie. Passer si près du but, j’avais de quoi être déçue. Sitôt rentrée, j’annonce à Renaud que je veux aller à Berlin en septembre… Il est hésitant, pas vraiment favorable, mais je saurai le convaincre 😉. Je le veux ce chrono sous les 3h, juste une fois… Et quand j’ai une idée en tête, je ne l’ai pas ailleurs, désolée ! Je ne veux pas remettre cette échéance aux calendes grecques, j’ai 45 ans, l’heure tourne, et l’entraînement déjà réalisé pour Rotterdam me permettra de ne pas repartir de trop loin pour Berlin.
On contacte un voyagiste spécialisé et sérieux (que l’on recommande à l’occasion !), l’agence «Sportifs à bord». Il reste quelques places pour Berlin, super, on valide ! Partir dans ce cadre, c’est l’assurance de trouver les conditions de confort nécessaires sur place (bel hôtel, à côté du départ, pasta party privée « sans gluten » SVP, sécurité d’une organisation maîtrisée). Après une petite coupure sportive et un printemps volontairement light en compétitions, nous avons établi un solide plan d’entraînement avec notre ami Patrick (merci infiniment). Car la réputation de Berlin, le fameux « marathon roulant » propice aux records, ne suffit pas à y établir le sien, encore faut-il être au niveau et courir vite ! Y’a du boulot les amis ! Volontairement je reste discrète, on n’en parle à personne (désolés). Je me mets déjà assez la pression toute seule, inutile d’en rajouter, inutile de se disperser, je reste simplement concentrée sur le plan d’entraînement et sur l’objectif.
Fin juillet, après un 5000m rassurant lors des soirées de St Maur (18’58), nous attaquons la prépa. On retrouve la piste, déserte en été, sous la canicule souvent. Du volume aussi, des sorties longues très éprouvantes, et surtout on reste vigilants et à l’écoute du corps pour éviter toute blessure. Savant dosage !
On fait tout à 2, pour le meilleur et pour le pire comme on dit. On supporte les sautes d’humeurs de l’autre 🤬, les moments de stress, de découragement. On soigne la récup et on surveille l’alimentation. Une seule compét’ en amont, le semi de Gien couru 3 semaines avant le marathon, juste pour tester la bonne allure.
A l’approche de l’échéance, mille doutes s’invitent. J’imagine que c’est normal! On allège la qualité et le volume pour un maximum de fraîcheur le jour J. J’ai la sensation que mes forces s’en vont, que je n’y arriverai jamais… Assurément, le corps décompense. C’est une nécessité et finalement ça ne veut rien dire ! Allez « lapin », cogiter ne sert à rien. Crois en ta bonne étoile, tout t’a menée à Berlin, ça va le faire !
Derniers préparatifs avant le départ, vêtements fétiches et grigris dans le sac, l’appli météo chauffe à force de consultation… Dimanche matin il pleuvra surement, peut-être pas trop, il ventera, pas trop non plus, le thermomètre affichera entre 14 et 16 degrés, une vraie météo de marathoniens en somme...
Nous arrivons vendredi soir à Berlin, juste à temps pour filer récupérer nos dossards à Tempelhof. Ainsi, samedi nous n’aurons rien d’autre à faire qu’un petit footing touristique, l’occasion d’un câlin porte-bonheur à la mascotte «Fridolin Flink», et … la sieste 😉 ! Un peu émus quand même de nous retrouver là. Le film « Berlin Legend » sur fcb nous tire les larmes. Film sur un marathon mythique, au cœur d’une ville aux plaies pas tout à fait refermées. Marathon historique, marathon magnifique, à l’ambiance survoltée. Marathon d'une ville qui nous replonge aussi 25 ans en arrière, fêtant le nouvel an 97 en jeunes amoureux, sous les pétards de la porte de Brandebourg.Nous y sommes. Que de monde au départ, quelle densité, jamais vu ça ! Nous partons en vague C seulement (chronos entre 2h50 et 3h), le SAS est plein à craquer, et nous sommes très loin de l’arche de départ. J’espère que la puce électronique fonctionne, car nous mettons presque 2 minutes avant de franchir la ligne ! On part ensemble en tentant de garder le contact, mais c’est impossible, trop de monde. Très vite je laisse Renaud, chacun rentre dans sa course, à son rythme, avec sa forme du jour.Ce marathon, je veux le maîtriser de A à Z. Pas question de prendre le moindre risque, je veux tout optimiser ! Côté allure, ne pas me griller. Jamais en dessous de 4’10/km, jamais plus de 4’15. Je me sens bien ainsi, à l’aise, je contrôle, obligée même de me ralentir à plusieurs reprises. Côté trajectoire, je colle la ligne bleue au plus près, pas simple avec une telle densité ! Côté ravito, surtout ne pas traîner (n’est-ce pas Pat’) … Quelques pas seulement le temps de boire une gorgée.Malgré un vent assez présent, une pluie d’abord discrète puis incessante sur le deuxième semi, tout se passe à merveille. Je suis régulière comme un métronome, 21’ au 5ème, 42’ au 10ème, 1h03 au 15ème. Passage au semi en 1h28’47, rassurée car encore fraîche ! Confiante, je m’autorise à profiter. Il y a un public de folie malgré la météo pourrie, les confettis se mêlent à la pluie, la musique transporte, le parcours vous emmène comme un guide pour une visite au cœur de la ville. 1h45 au 25ème, 02h06 au 30ème, 02h48 au 40ème. Je ne pouvais rêver meilleur tableau de marche ! A partir du 39ème ça commence à tirer quand même, mais à présent je m’en fiche ! Le passage sous la porte de Brandebourg, franchie dans les derniers mètres, est tout simplement magique, sublimé par la certitude de réaliser moins de 3h, largement de surcroît. Il pleut à verse, le sol brille, mes yeux aussi, les pavés ne sont que reflets. C’est beau Berlin, même trempé. Tout est plus beau quand on réussit !
Deuxième semi couru en 1h28’58, 11 petites secondes d’écart par rapport au premier. La régularité est définitivement la clé du marathon, du moins pour moi !2h57’44 à l’arrivée. 1ère française. Carton plein. Ça y est, c’est réel, c’est officiel, je l’ai fait, et au-delà de mes espérances ! C’est con mais je pleure encore, c’est comme ça les 29 septembre finalement😉…
Trempée comme une soupe, ma médaille autour du cou, j’attends Renaud. Il aura tout donné, 1er semi en 1h31'03, 2ème en 1h35'30, s'arrachant dans les derniers km pour réaliser sous le déluge un très beau chrono de 3h06’33, son meilleur résultat depuis bien longtemps !
Retour à l’hôtel poncho sur le dos, la classe 🤣, du mal à réaliser, photo souvenir de nos gueules trempées mais comblées, médaille autour du cou. Bière berlinoise et saucisse de rigueur. Que c’est bon ! On n’a pas fini de fêter ça, croyez-moi !