Spartathlon 2017, à 8 semaines de l’objectif…
Mais d’abord quel est-il cet objectif ? Il s’agira de finir et pas autre chose, finir à tout prix dans le respect de ma santé physique et mentale dans le délai imparti : 36 heures.
Deux ans déjà que j’ai décidé de me lancer ce défi qui m’a convaincu d’abandonner temporairement les courses classiques sur route où je plafonnais malgré un entraînement méthodique et assidu. J’avais envie de nouveaux horizons et d’explorer l’endurance, l’ultra-endurance. Ce fut le déclic pour un premier cent bornes, à Belvès, au printemps 2015. J’imaginais un chrono de 10 heures et je fus édifié. J’ai terminé certes mais avec deux heures vingt de plus que ce que j’avais espéré, une super tendinite en prime et quelques mois d’arrêt forcé.
Ma réponse fut d’envisager plus long et je me préparai aux 24 heures de Brive pour la saison suivante. J’avais vu qu’un seul membre du club s’y était aventuré, une certaine Mireille Cormier qui avait réalisé 153 kilomètres. Comme je n’avais aucune expérience dans ce domaine, j’ai parcouru des kilomètres d’articles décrivant la préparation à ce style d’épreuve et je suis alors entré dans un monde qui m’était totalement étranger. J’ai appris à courir lentement, très lentement…
Cette fois, je réalise mon projet avec un réel plaisir puisque je réalise 160 km dans un cadre très sympathique en maîtrisant d’emblée de nombreux paramètres de ce format de course bien particulier. J’avais à mes côtés une championne puisque le hasard m’avait placé à la même table de ravitaillement qu’une certaine Anne-Marie Vernet, devenue championne de France 2016 à la même occasion. J’ai réalisé surtout que les minimas pour prétendre s’inscrire au Spartathlon sont accessibles avec une préparation efficace et une meilleure organisation. Entre temps, j’avais un compte à régler avec moi-même et une possibilité de qualification aux Spartathlon en réalisant 10 heures aux 100 bornes. Les championnats de France se déroulaient à Amiens en octobre 2016, double chance car en octobre il fait frais et le parcours d’Amiens, plutôt extra-plat, est propice à une performance chronométrique. C’est décidé mon objectif sera 9h59, histoire de me qualifier à la course de mes rêves.
Cette fois, l’été est consacré à des séances de « cyrano » à l’allure cible et mon plan s’articule autour de séances au seuil. J’ai bien progressé durant cette période. En octobre, je vais approcher du rêve sans l’atteindre: 10h38, c’est bien mieux que mes 12h23, mais insuffisant pour devenir spartathlète. J’ai tenu l’allure 86 kilomètres avant de lâcher prise et de finir au ralenti, épuisé, mais cette progression est très significative et ma préparation m’a donné une certaine « réserve » de « vitesse » pour un futur…24 heures.
Cette période va être une des plus pénibles de mon existence car mon père nous quitte en novembre après une lutte acharnée contre sa terrible maladie. La course à pieds me sera alors d’un grand secours, permettant de conserver une santé mentale à toute épreuve.
Je cherche dans le calendrier des courses de 24 heures, une possibilité de qualification au Spartathlon pour l’édition 2017. Il faudrait courir avant le 20 février, date de clôture des inscriptions par internet !
En cette période hivernale, pas trop de possibilités à part …Helsinki et …Athènes ! C’est génial car la course de 24 heures d’Athènes a lieu pendant les congés scolaires ! C’est décidé, mon prochain objectif sera 180km aux 24 heures d’Athènes. Se qualifier au Spartathlon en Grèce, ce serait un signe du destin.
Billets d’avion, inscription, préparatifs méthodiques. Je m’attache à tenir compte des erreurs précédentes et des conditions locales. Cette fois, ce sera la bonne et je maîtrise ma course de bout en bout. Je termine 10 ième sur une soixantaine de concurrents issus du monde entier et surtout je réalise une marque de 181 km qualificative. C’est donc depuis ma chambre d’hôtel, en Grèce que je m’inscris au Spartathlon 2017 à 12 heures de la clôture des inscriptions ! Il va désormais falloir attendre le tirage au sort car le chemin est encore long avant même d’atteindre la ligne de …départ.
En mars a lieu le tirage au sort qui désigne les candidats sortants et établit une liste d’attente. Il y a 400 dossards disponibles, répartis entre de nombreuses nations avec des quotas par nation. La France a un potentiel de 25 dossards. Le tirage au sort a désigné 12 français mais personnellement je suis en 32ième position de la liste d’attente. Il y a peu d’espoir. Il va falloir attendre le 17 juillet pour que l’organisation confirme ma sélection après une attente interminable de 4 mois durant lesquels j’ai évidemment commencé ma préparation au cas où…
Nous sommes donc finalement 14 français engagés dans cette course fabuleuse et mon objectif est simple : finir dans les temps.
Le parcours : 246,8 km avec un passage en montagne (Mont Artémisio) la dénivelée totale n’est que de 2500 mètres (tout de même…). Il y a 75 points de contrôle répartis tout au long du parcours entre l’Acropole d’Athènes et Sparte, qui sont autant de points d’élimination potentielle. Sur chaque CP, il y a une heure de fermeture qu’il est impératif de ne pas dépasser sous peine d’élimination immédiate. De plus, contrairement à la plupart des courses de ce format, les premières barrières horaires imposent une allure de départ très élevée (environ 10km/h) ce qui rend les 80 premiers kilomètres très « stratégiques ». La suite ne l’est pas moins car après le passage de Corinthe, la pente s’accentue, la nuit tombe et il faut tenir, tenir.
Si l’on a atteint et franchi le passage de la montagne (km161,8), il restera encore 85 km sur la grande route de Tripoli à Sparte avant de baiser les pieds de Leonidas, recevoir la couronne d’olivier symbolique et de s’abreuver de l’eau de l’Evrotas. Alors seulement, on sera « Spartathlète ».
Je vais courir avec les couleurs du club de Vaux Le Pénil avec l’espoir de les emmener jusqu’à la statue de Leonidas. Mes chances sont minces mais réelles.
Rendez-vous donc dans 8 semaines pour un départ donné à l’aube du 29 septembre à 7 heures heure locale et une arrivée à Sparte impérativement avant 19 heures le 30 septembre. Tout le monde peut suivre l’évolution des concurrents sur le site de la course : ici , en temps réel. Il suffit de taper le numéro de dossard du concurrent de votre choix. Je porterai le dossard 398.
Pour vous faire une idée de la chose : une petite vidéo de l’édition 2016.