Comme beaucoup, l’annonce du confinement nous a cueillis en plein programme d’entraînement. Emmie devait s’aligner fin avril aux championnats de France de 100km, avec un peu plus que l’espoir d’aller au bout... Depuis 3 mois le kilométrage ne cessait de s’accroître pour atteindre près de 140 bornes hebdomadaires. Tous les voyants étaient au vert, les séances de 35 km passaient presque sans fatigue, malgré le vent et la pluie. De mon côté, même si je ne prévoyais pas de participer à ces « France », je faisais comme si, accompagnant Emmie dans toutes ses séances. Que voulez vous, j’aime courir...
Le début du confinement a stoppé net cette belle dynamique, comme un claquage, une mauvaise blessure qui vous force à l’arrêt. Au début, on a bien tenté de poursuivre. Le tapis de course et le gainage ont remplacé les longues heures sur la route. Mais bien vite nous nous sommes sentis comme des écureuils en cage, coureurs immobiles, sans but et sans raison. Ce que j’aime dans la course à pied, c’est préparer une compet, mettre tous les atouts de mon coté, me sentir progresser. J’aime aussi partager mes footings et mes entraînements avec d’autres, causer athlé bien sûr, mais de bien d’autres choses également. Enfin, je cours pour goûter la nature, sentir les odeurs, les arbres et l’eau.
Courses annulées, distanciation obligatoire, accès interdit aux bords de Seine et à la forêt, toutes nos raisons de courir se sont brutalement évaporées. Alors on a tout arrêté. Depuis 5 semaines maintenant il n’y a plus aucun T-shirt ni short de course dans le bac à linge sale. Les chaussures ont été remisées toutes propres au placard. Aucune importance au fond. Il y a bien plus grave que d’être privés de son loisir favori. Ce confinement forcé n’a du reste pas que du négatif. On profite des heures libérées par le sport pour s’adonner à d’autres hobbies.
Le violon ne quitte désormais plus Emmie. De mon côté je replonge dans mes vieux souvenirs. Alors si vous avez eu la patience de me lire jusqu’ici et si cela vous dit de poursuivre, je vous emmène avec moi feuilleter mon album de 20 ans au club :
Les années passent. Certains coureurs sont partis, ont changé de club ou de sport. D’autres les ont remplacés, chaque arrivant apportant avec lui son expérience, son regard nouveau et ses motivations. La vieille tribune qui surplombait la piste a été détruite, le revêtement refait. Le maillot du club est devenu bleu et blanc. Le jeune Johnny qui avait à peine 20 ans à mon arrivée au club est devenu notre grand président. Les pratiques se sont diversifiées. Les courses vertes et de montagne sont devenues des Trails et occupent maintenant un grosse moitié du paysage. Le club propose également un groupe santé et bientôt de la marche athlétique. Les moyens de communication ont aussi évolué. Même si on ne court pas toujours ensemble, on suit les exploits des uns et des autres aux travers des multiples réseaux sociaux: facebook, Instagram, Strava, Garmin connect et autres. Jean-Loup, Pierre, Luc, Christian, Corinne, Bruno, Cécile, Hervé, Agnès, Éric, Dominique, Felipe ... nous sommes toujours friands de vos photos et de vos récits.
2019 enfin. Tous les mercredi soir, quelque soit la météo, on rejoint sur la piste le groupe des jeunes. On papote à l’échauffement avec Yannick, Bryan, Carole, Claire, etc, avant d’enchaîner les fractionnés sous le regard attentif de Lahcène.
On souffre, on se met minable en pensant à nos futurs objectifs: aller chercher au marathon de Berlin un résultat de niveau national pour Emmie, et pour moi renouer avec un chrono qui se rapproche des 3h. Entourés de tous ces jeunes, il est permis de rêver encore un peu ! Avec Lucie, Kahina, Lucas, Nico, Élodie, Noëlla, Camille, Aude, Noémie, Djibril, Léo, Clément, Florian, Sacha, on met les pointes, on s’encourage, on se tape dans la main. Comme une machine à remonter le temps, puisqu'il suffit d'enfiler des baskets et un short pour se sentir à nouveau l'âme d'un cadet!
