Vendredi 26 juillet, la 6D BOB pour Titouan et Renaud pour commencer!
Sur le concept d’une “montée infernale” en contre-la-montre, les coureurs empruntent la mythique piste Olympique de bobsleigh, pour 1,5km de course et 125m de D+ dans "le tube", avec une pente moyenne de 8,2% et un maximum à 14%. Un départ toutes les 30 secondes, ambiance garantie, et un challenge père/fils très sympathique! Titouan:8'33s / Renaud:8'39s. Et oui, fiston a battu papa...
Samedi 27 juillet 2019, 6 Découverte pour Titouan
Un départ et une arrivée à Plagne Centre, un parcours de 11km avec 600m de D+ auquel Titouan a pris part, réalisant une très belle course sans entraînement (quand t'es en classe prépa, tu peux pas...!). Il termine même 1er espoir en 1h19'47! BRAVO!
Dimanche 28 juillet 2019, 6000d en relais avec Emmie & Renaud, pour finir!
La 6000d est un sacré défi sportif... Elle porte le nom de son dénivelé total, cumulant une longue montée de 3000m de D+, puis une descente interminable avec autant de D-, le tout sur une distance de 65km. Depuis le fond de vallée à Aime, elle emmène les coureurs jusqu’au glacier de Bellecôte à 3050m d’altitude, empruntant la fameuse piste de bobsleigh, et passant par les stations d’altitude de La Plagne, avant de redescendre sur Aime.
Cette année, elle fête son 30ème anniversaire, et on peut dire qu’elle nous aura gâtés! Pour l’occasion, elle propose une version en relais à 2, avec une 1ère section montante, un passage de relais au sommet, et une 2ème partie en descente. Un format parfait pour Renaud et moi! Reste à choisir qui fait quoi...
▶️1er tronçon: Emmie, Aime/Glacier (32km, 2750m D+ et 440m D-).
«... Le choix fut assez simple: comme j’attends souvent Renaud en montée, et que c’est le contraire en descente (quand au mieux je ne tombe pas), je serai la 1ère relayeuse de notre duo!
Arrivés à La Plagne depuis 2 jours, nous avons laissé derrière nous la canicule et ses 43 degrés, pour trouver une météo montagnarde capricieuse, orageuse et froide. Les prévisions pour la course de dimanche sont pessimistes, je me dis que ce sera compliqué... mais je ne savais pas à quel point!
Dimanche, réveil à 2h45, dur... Les enfants sont courageux, ils nous suivront toute la journée. Petit dej au radar, tenue de combat enfilée, nous nous rendons sur la ligne de départ qui a lieu à 5h, au pied de la basilique Romane d’Aime (alt.673m), dans une ambiance incroyable saturée de musique et de fumigènes. Poignant!
Le début de la course s’effectue de nuit, à la lueur des frontales. C’est assez plat pour l’instant, j’en profite pour dérouler sur ce terrain que j’apprécie. Puis rapidement le chemin s’élève dans la forêt, et là, tout le monde sort les bâtons! Pas moi, je ferai partie des quelques fous qui n’en ont pas...
C’est étrange, il règne alors une chaleur moite, comme si la forêt avait emmagasiné la canicule et les orages des jours derniers et voulait nous les rendre. Résultat, coup de chaud, je transpire de partout, la sueur coule sous mon menton, incroyable si tôt dans la journée!
Après le petit hameau de Longefoy (alt.1180m) où le public est déjà présent, me voici sur les traces de «La Prajourdane» à Montalbert, course que nous avions faite en famille il y a 1 an. L’occasion de me laisser aller à de jolis souvenirs...
6h40, le jour se lève, j’arrive au pied de la piste de Bobsleigh (alt.1700m). C’est un des charmes de la course, rentrer dans le cylindre et le remonter dans son intégralité! Renaud et les enfants sont là, pour quelques foulées ensemble et des encouragements précieux. Pour l’instant tout va bien, les jambes sont bonnes et je suis plutôt en forme (à part mes vêtements trempés de sueur). Je suis même 3eme fille à la sortie de la piste!
Mais ça va se gâter... il commence à pleuvoir, avec l’altitude la température a baissé et le vent souffle. J’ai froid, je fais une pause pour enfiler mon goretex avant de repartir. Ça monte raide, la vache, ça pique! Voici enfin le 1er ravitaillement à La Plagne (alt.2000m) où je refais le plein en eau car je suis à sec depuis un moment.
Le temps ne cesse de se dégrader. La suite ne sera qu’une lutte contre les éléments. Malgré mon K-way, mes gants, ma capuche sur la tête, plus rien sur moi n’est sec. Je ne vous parle pas de paysage, il n’y en a pas! On court en plein nuage, dans la boue. La pluie ruisselle sur les pentes. Au passage à La roche de Mio (alt.2681m) je suis congelée, je n’ai plus de mains et mes cuisses brûlent de froid. Je ne veux pas abandonner si près du but après tant d’efforts. Renaud et les enfants sont là-haut, je ne pense plus qu’à ça!
A l’approche du glacier, la trace est devenue verticale et on progresse sous le grésil. Il fait -5 degrés, le sol est instable et toute la pierraille roule. C’est juste l’enfer ici! Devant moi, la silhouette des coureurs en file indienne disparaît dans le ciel, comme avalée par la montagne en colère... On dirait un cauchemar sans fin!
L’arrivée au glacier de Bellecôte est vraiment vertigineuse, limite dangereuse dans ces conditions. Après 4h48 de montée, dont plus de 3 heures sous la flotte glacée, j’arrive enfin au passage de relais. Je suis une autre, une fille transie au visage blême, aux cuisses écarlates, secouée et tremblant comme une feuille...Renaud est là avec les enfants. Échange de regard, trop froid pour parler. Il sait à quel point j’ai tout donné! Il quitte sa doudoune au dernier moment avant de disparaître dans les nuages. De mon côté, j’avale une soupe chaude au ravito (enfin, la moitié, car le reste tombe par terre tellement je tremble). Autour de moi, nombre de coureurs se sont emballés dans leur couverture de survie. Sur 2100 inscrits, nous ne serons que 1410 à l’arrivée....
Avec les enfants on fonce reprendre la benne du téléphérique, pas question de rester plus longtemps ici. »
▶️2eme tronçon: Renaud, Glacier/Aime (33km, 760m D+, 3060m D-).
« Je récupère une Emmie essorée, tremblante et frigorifiée. Je m’en veux un peu de l’avoir entraînée dans une telle galère. Je sais que durant la dernière heure sa seule motivation pour ne pas abandonner a été de me passer le témoin. Elle l’a fait de bien belle manière, puisque malgré le froid, nous nous situons à ce moment autour de la 130ème place sur 2100 partants, individuels et relais confondus. Charge à moi maintenant de réaliser une descente aussi intense que sa montée. Il reste 50m de D+ à gravir pour atteindre le point culminant de la course (alt.3047m) avant la grande bascule et les 32 km qui ramènent à Aime.
Malgré le vent glacial et le grésil qui fouette le visage, j’éprouve beaucoup de plaisir. Sûrement aussi parce que je suis sec et frais 😉! J’aime ce sentiment de liberté qu’on éprouve en altitude quand n’existent plus que les pierres et le vent. 19 ans après ma première 6000D, me voici à nouveau sur ces larges pistes caillouteuses sur lesquelles on peut sans risque accélérer.
En ce début de parcours il est aisé pour moi de doubler quelques coureurs, vu que la majorité d’entre eux engagés en individuel est frigorifiée, avec déjà 5h de course et 3000m de D+ dans les pattes. L’avantage de la descente, c’est qu’au fur et à mesure la température se réchauffe. Arrivé à Montchavin (alt.1200m), je peux enfin virer l’imperméable et les manchettes.
Pris par l’enthousiasme je brûle tous les ravitos et me retrouve comme un idiot à 10 bornes de l’arrivée sans gel ni eau. Paradoxe d’achever une course déshydraté après s’être pris autant de flotte sur la figure toute la journée. Les derniers km sont durs comme mes cuisses et il est temps que l’arrivée se pointe. J’aurai mis 1h de moins tout pile à redescendre les 3000m de D+ qu’Emmie avait si bien montés. Dans les rues d’Aime animées à l’heure de midi, elle est là comme prévu à m’attendre, douchée comme en haut du glacier 😉, mais propre cette fois et le sourire retrouvé. Nous passons ensemble la ligne d’arrivée en 8h37, petit bisou bien mérité au passage.
Belle idée des organisateurs de la 6000d que ce relais, qui permet de vivre la course, un peu comme la vie finalement, avec des hauts et quelques bas, mais toujours en équipe ! »