«Les Gendarmes et des Voleurs de Temps », le 32km.

Ambazac (Limousin). Dimanche 9 juin 2019.


"Je l’ai déjà dit, le trail c’est pas mon truc. Je monte les côtes comme une enclume, les descends comme un boulet et surtout, je déteste salir mes chaussures!
Mais il faut parfois savoir faire des exceptions, car les 32 km des «Gendarmes et des Voleurs de Temps» fait partie de ces grandes classiques qu'il faut avoir faites au moins une fois dans sa vie de coureur. Née il y a 20 ans, quand le Trail ne s’appelait pas encore le Trail, la course a depuis fait des petits en proposant 8 épreuves sur le week-end, pour tous les goûts, de la rando au canitrail!

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Mais le 32 km reste la course phare, avec un départ magique derrière des chevaux lancés au galop au son des Carmina Burana, une organisation au cordeau assurée par la Gendarmerie Nationale, un parcours physique et engagé, et enfin l'ultime montée des 42 marches de la Chapelle façon Alpe d’Huez ou Zegama, dans la clameur des spectateurs hurlant, muraille humaine s'ouvrant au dernier moment pour vous laisser passer entre drapeaux, crécelles, cloches et tout ce qui peut manifester l’enthousiasme.
« Les Gendarmes et les Voleurs de Temps » est aussi réputé pour être une course humide, où même par beau temps les petits ruisseaux et étangs locaux se chargent de détremper le terrain. Alors quand il pleut, je vous laisse imaginer !

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Arrivés sur place à Ambazac (près de Limoges) le samedi après-midi, on pose le Van à quelques mètres de la ligne de départ, histoire de ne pas avoir à se lever trop tôt le lendemain. Petite balade au soleil couchant, un bol de riz et direct sous la couette à l’arrière du Combi pour 9 heures de sommeil à roupiller comme des bébés. Seulement au réveil, mauvaise blague, il tombe des cordes🌧... Le champ d’herbe où nous nous sommes garés la veille est devenu une sorte de marécage où les quelques voitures qui tentent d’accéder s’embourbent direct. Ça promet pour la suite.
Heureusement, la pluie cesse juste avant le départ, mais le mal est fait. On a les pieds trempés, de la boue aux chevilles, et on est crottés jusqu’en haut des mollets (oh, non, mes chaussures !!!).


Edition anniversaire oblige, le 32 km rassemble cette année un plateau très relevé. Citons juste Patricia Pruvost (7 sélections internationales, 2h36 au marathon), Florian Caelen (2h12 sur marathon, sélection aux JO de RIO 2016), Nathalie Mauclair qu’on ne présente plus (2 fois championne du monde de trail, lauréate de l’UTMB), Elodie Wanherdrick (1h19 sur semi)...
De notre côté, question affutage, on est plutôt en mode «grasdubide» et «cuissesquistouchent». Depuis le marathon de Rotterdam en avril, on a levé le pied (et le coude) ! Quelques apéros, des petits restos, les plaisirs de la vie quoi, se sont chargés de nous rendre les rondeurs perdues durant les semaines de prépa marathon. Emmie n’a pas d’autre ambition sur cette course que celle de se faire plaisir… et d’essayer de ne pas tomber. Sage décision, car j’avoue avoir mal de la retrouver régulièrement à l’arrivée des compet’ dans le camion des pompiers ou au service des urgences (4 visites en 1 an tout de même).


Nous voici sur la ligne. Chauvelier gueule dans son mégaphone, Khalid Skah fait des grands signes, FEU, 2500 coureurs déboulent à fond façon départ de cross. Eh, il y a 32 km là, vous êtes au courant ?
Évidemment on s’enfonce et on glisse déjà dans la boue. Évidemment on s’en colle partout. Il vaut mieux s’habituer, ça va être comme ça tout le long. Emmie est partie à son rythme, se plaçant dans les premières places féminines. J’arrive à peu près à rester au contact. Mais vers le 4ème km, au début des vraies difficultés, je marche quelques pas, des coureurs me dépassent et je la perds de vue. Comme d’hab' finalement… sauf qu’arrivé en haut de la côte, je la vois tout sourire arrêtée sur le bord du chemin.
      "- Je fais la course avec toi !
       - Euh, t’es sûre de toi là ? Il y a quelques filles devant à aller chercher. Et puis tu risques de m’attendre un moment, il reste 30 bornes et je suis déjà HS…
       - Non, non, c’est décidé, je reste…"
S’en suit une longue balade ensemble, presque romantique, dans des paysages magnifiques et sous un soleil qui se dévoile. Le public est nombreux, l’ambiance festive et bon enfant, la boue omniprésente, les sentiers parfois transformés en ruisseaux, les montées usantes et les descentes piégeuses, mais on y prend beaucoup de plaisir. Emmie m’attend facile en haut de toutes les côtes. A un moment elle me lance :
      "- C’est chouette quand même une course comme ça, sans se faire mal, sans pression…
       - Euh, parle pour toi mon lapin ! Moi, ça fait 25 bornes que je me dépouille pour essayer de te suivre…"
Arrive enfin le dernier kilo et les marches de la Chapelle. Dans le tumulte, on entend «Allez Vaux-Le-pénil, allez Emmie» Mais non ! Surprise ! Plusieurs copains de VLPA sont là ! Catherine, Eric, Clémence … inscrits sur d’autres courses ou venus simplement encourager et passer un super week-end. Vraiment sympa. VLPA est décidément présent partout !!!
On passe la ligne main dans la main. 167 et 168ème sur 2031 arrivants, Emmie 5ème V1F. Pas si moche. Petit bisou. « T’as vu, je ne suis pas tombée ! » me lance-t-elle, presque fière ! Pour un peu elle attendrait des félicitations 😂. En tous cas, c’est adorable d’être restée avec moi. Un vrai bonheur une course comme ça !Emmie6On reste encore un peu, avec nos amis Patrick et Virginie, pour profiter de son podium (2ème V1F) et l’applaudir, heureux pour elle! On n’a pas envie de se quitter, pas envie que la fête s’achève.
Alors l’an prochain, si vous cherchez un endroit où passer le WE de Pentecôte, sachez qu’il existe dans un coin de France, tout près de Limoges, une grande classique du Trail, avec sa traditionnelle assiette de porcelaine qui se mérite à l’issue d’un parcours surprenant, exigeant, dans une ambiance survoltée et une nature brute, difficile, mais si belle. Et ça fait plus de 20 ans que ça dure !!!"

Résultats:

11km - Stéphanie Bouveret: 1h30'21 (671/803 et 53/83 V2F)

20km - Eric Procherel 2h46'26 (937/1051 et 126/132 V2M ) et Catherine Gibert 2h56'02  (1003/1051 et 77/ 82 V2F)

32km - Emmie et Renaud Gellé en 3h09'27 (168 et 169/2002 ;  5/201 V1F et 56/543 V1M )

 

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