Marathon du Mont Blanc (45 km et 2700mD+), 1er juillet 2018.
L’aventure a débuté il y a quelques mois, quand Christophe, Johnny, Nico, Renaud et moi, nous nous sommes inscrits sur la longue liste des candidats au marathon du Mont Blanc. Un tirage au sort favorable plus tard, et le joli projet devint concret. Chamonix, nous voici!!!
Elodie sera aussi de la partie, sur le 10km qui se tiendra la veille. C’est donc par un très beau et très chaud premier WE de juillet que nous nous retrouvons tous, au pied du Mont Blanc, dans un cadre majestueux que, perso, j’affectionne particulièrement.
C’est Elodie qui ouvre la marche (euh, la course!), samedi midi, avec le 10km dont le tracé emprunte les pistes de ski du fond de la vallée. La chaleur est déjà accablante! Bravo Elo, qui boucle la distance avec le sourire, en 1h00’15s!
En fin d’après-midi, après un tour au village départ où nous devons récupérer nos dossards et présenter le matériel obligatoire, après quelques emplettes sportives (ben oui, on avait pris la carte bleue, grosse erreur !), une petite cryo « pour voir ce que ça fait », nous nous retrouvons tous à la pasta party.
L’occasion de se détendre, de rire un peu, et de faire retomber la pression autour d’une bonne assiette de pâtes et de Tome de Savoie, en plaisantant sur les 35 degrés qui nous attendraient le lendemain... Même Les Bleus réchauffent l’ambiance locale, en nous offrant un 1/4 de finale de coupe du monde magnifique!
Allez, c’est bien sympa, mais c’est l’heure d’aller dormir maintenant (enfin, d’essayer). Demain c’est réveil avec le soleil, très tôt ....
Dimanche matin, 7h. Nous y voici. J’avoue que ça fait drôle de se retrouver ici, place du triangle de l’amitié, devant l’Eglise de Cham’. Lieu tellement mythique... et aujourd’hui, il est à nous !!! Je suis stressée mais j’essaie de savourer l’instant avec Renaud. On cherche du regard Johnny (le plus facile à repérer !), en vain, il y a tellement de monde. Nous sommes plus de 3000 coureurs au départ. Les élites et Killian arrivent, le speaker fait monter la pression, lance une ola, 10, 9, 8, l’heure du décompte...3, 2, 1, Go !!!
Partir vite, sinon ça va bouchonner ensuite. C’est ce que tout le monde m’a dit. Alors on s’y emploie, mais les jambes saturent vite. Ben oui, en montagne, c’est plus la même histoire! Mais comment il fait, Killian ?
Heureusement, la température est encore raisonnable, et le début est «assez» roulant. Bref, on se suit avec Renaud, on temporise. Il a un peu de mal à encaisser le départ, et on n’a pas envie de perdre le contact trop tôt.
« Attends-moi stp » me dit-il. « Bien sûr! ». Bien m’en a pris...
On est maintenant rentrés dans notre course, concentrés, pas mal placés. Plus aucun risque de bouchon à présent, on commence à profiter! Mais voilà. Je suis une catastrophe en trail. Je ne lève pas les pieds, suis un peu bigleuse, un peu rêveuse.... ça n’a pas loupé! Voilà que je m’étale lamentablement sur une portion roulante. Joli vol plané, réception ratée! Le côté gauche écorché, épaule, coude, paume de la main en sang, genou aussi... voilà pour la carrosserie. Mais le genou droit a pris cher. La rotule a dû taper une bonne pierre, la douleur remonte dans le fémur et me lance jusque dans la hanche. Mer— alors!!! On n’a couru que 10 bornes ! Sur le coup je tremble et j’ai du mal à reprendre mon souffle. Une bonne âme masculine me propose son aide, « je reste avec toi », et dit même à Renaud de filer. Au moins ça a le mérite de me faire rire . Renaud éconduit poliment le monsieur, c’est ma femme depuis 23 ans, ça va aller, merci bien . On fait rapidement le bilan, on essuie le plus gros, Renaud me rince le genou, j’avale tous les tubes d’arnica que j’avais pris, ceux de Renaud aussi... Je tiens debout, j’ai mal mais je peux avancer. Je repars au ralenti. C’est à mon tour... « Dis Renaud, tu restes avec moi? Oui, bien sûr! »
Pas très raisonnable. Je sais. Mais je repense au tirage au sort, au voyage jusqu’ici, aux heures d’entraînement en forêt, aux méchantes séances de côte... Je ne veux pas abandonner. Tant pis pour la perf, tant pis pour le classement, tant pis pour le chrono!!! Suite de la course en mode balade. Johnny me passe un peu avant le premier ravito, on échange quelques mots. Bonne course à toi Johnny!
Voilà, pour moi, pour nous, la suite se résume vite. Renaud se dévoue, jamais loin. L’appui sur le genou droit est difficile en montée, presqu’impossible en descente. Du coup je trébuche souvent et puis j’ai la trouille. La douleur va s’amplifier au fur et à mesure, parfois je chiale comme une gosse. Maintenant, à posteriori je sais que c’était un bel épanchement intra-articulaire, avec sans doute un micro-traumatisme osseux. Mais bon, passons! Merci Renaud pour ton aide et ta patience ⯑.
La fin est laborieuse, soleil de plomb, chaleur écrasante, et puis les 42km annoncés en font finalement 45. Planpraz se rapproche, j’ai peine à y croire car depuis 30km je doute de pouvoir aller au bout.
Mais bon sang qu’elle est belle cette ligne d’arrivée. La plus belle du monde. Même dans la douleur, on ne peut que sourire ici. On se donne la main (la droite, pas la gauche qui a perdu un bon bout de peau), et on savoure ensemble ce moment, devant le Mont Blanc que l’on pourrait presque toucher. J’en ai encore des frissons!
Johnny de son côté a fait une très belle course. Un sans faute, sans crampe, sans chute, sans faux pas, comme un pro!!! Il s’est même improvisé reporter, petite pause photo aux Posettes, séquences fcb en direct live... Tout de bleu vêtu, la classe!
Ceci dit, c’est dévêtu qu’il nous attendait sur la ligne d’arrivée !. Il faisait juste un petit 35°, on lui pardonne!
Nico et Christophe ont également bien fini cette course, aussi belle que difficile. La chaleur aura fortement éprouvé les organismes (plus de 500 abandons, nombreux concurrents hors délai). Mais après tout, il vaut mieux un beau ciel bleu pour profiter de ce décors sublime, non?
Bon, évidemment, à la fin, c’est Killian qui gagne....
Sinon, Johnny franchit la ligne en 6h34, 310eme sur 1900 arrivants dans les délais. Renaud et moi terminons en 7h03 (504èmes), Nicolas en 7h10 (560eme), et Christophe en 8h24 (1197eme).
Bravo, grand bravo à tous!